Voyage d’études au Maroc avec Avenir Transports

La mobilité est un enjeu majeur de cette mandature.

Réussir la mobilité du quotidien est l’ambition de Madame Elisabeth Borne, ministre des transports, ainsi que celle de la majorité à laquelle j’appartiens.

Parce que le Pays Basque a besoin de cette dynamique, parce qu’il doit entrer dans une nouvelle ère et parce qu’il se trouve à une étape de sa construction où beaucoup peut être entrepris en matière de mobilité., nous devons faire entrer le Pays Basque dans une nouvelle mobilité. Telle est la contribution que je veux apporter à mon territoire.

 

Dès mon arrivée au Palais Bourbon, et conformément à mon souhait, j’ai pu intégrer la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire au sein de laquelle nous déterminons les grandes orientations des politiques de transport du pays.

Parallèlement à mon travail au sein de cette Commission parlementaire, j’ai participé activement, à la fin de l’année 2017, aux Assises de la mobilité en intégrant le groupe de travail « Mobilités plus Propres », à la demande de François de Rugy, alors Président de l’Assemblée nationale, qui connait mon engagement sur cette thématique.

C’est encore mon engagement en faveur des mobilités qui m’a permis d’être désignée par le Groupe « Mouvement Démocrate et apparentés » pour porter jusqu’à son terme le projet de Loi « pour un nouveau pacte ferroviaire ».

 

Plus récemment, au Pays Basque, j’ai lancé un groupe de travail sur le vélo et, dans les jours qui viennent, j’y déclinerai également le Plan Vélo, présenté le 14 septembre dernier par le Premier ministre, le ministre d’État chargé du portefeuille de l’écologie et du développement durable et la ministre des transports.

En tant que députée, je m’investis beaucoup sur ce sujet et saisis toutes les opportunités qui peuvent mieux me faire comprendre la mobilité afin de proposer des solutions pertinentes pour le territoire français, et pour le Pays Basque.

C’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’effectuer, du 18 au 20 septembre dernier, un voyage d’études Transport en compagnie de parlementaires de toutes tendances politiques et représentant des territoires très variés.

Notre destination était Rabat au Maroc pour parler du système ferroviaire marocain et de la politique de mobilité du gouvernement marocain.

 

 

Le système ferroviaire marocain

 

Le réseau des chemins de fer du Maroc a été construit au début du 20ème siècle, date à laquelle le gouvernement rachète les concessions existantes et crée l’ONCF (Office National des Chemins de Fer).

En France, à la même époque, la SNCF est créée concomitamment au rachat des concessions ferroviaires du territoire.

Aujourd’hui, le réseau marocain compte 3 657 km de lignes contre 30 000 km pour le réseau français.

Dans quelques semaines, le roi du Maroc et le Président de la République Française inaugureront la première ligne LGV du pays qui reliera Tanger à Kenitra.

Ce sera la première ligne à grande vitesse du continent africain.

 

Pour comprendre la politique ferroviaire du Maroc, nous avons eu la chance de rencontrer et de nous entretenir avec des acteurs majeurs du secteur.

Notre première visite est réservée à l’Institut de Formation ferroviaire (IFF).

 

 

Visite de l’institut de Formation Ferroviaire à Rabat

 

Nous avons été reçus par son président accompagné de son directeur général.

Cet institut, fruit d’un partenariat entre l’ONCF et la SNCF, est un acteur de référence dans les formations destinées à tous les acteurs de l’univers ferroviaire.

Nous avons pu assister à une formation commune à des personnels de l’ONCG et de la SNCF sur « la conduite du changement ».

Dès les premières heures de notre déplacement, j’ai mesuré que l’accompagnement de la France en matière ferroviaire a été déterminant et qu’il reste majeur. Pour autant, ce n’est pas la SNCF qui a ouvert cet institut de formation au Maroc. Cette « école » a été co-construite par l’ONCF et la SNCF et elle est codirigée par un président marocain et un directeur général de la SNCF… Et cela fait toute la réussite de l’établissement.

Aujourd’hui, il accueille des acteurs du ferroviaire venant tant d’Europe que du continent africain.

La France a su apporter son expertise dans ce domaine pour bâtir – avec le Maroc – un institut de formation adapté aux spécificités du pays. C’est une réussite, nous en avons eu la preuve lors de nos échanges avec les participants.

 

Mais notre temps est compté, nous avons dû nous échapper pour nous entretenir avec le directeur de l’ONCF.

 

 

Entretien avec le directeur de l’ONCF

 

À l’heure où notre pays fait une pause dans la construction de lignes à grande vitesse, le Maroc, lui, lance sa première LGV. Ce sera non seulement la première du genre sur le continent africain mais également la moins chère du monde.

L’objectif du gouvernement est clair : offrir aux marocains un nouveau mode de transport collectif, rapide, et adapté à leur pouvoir d’achat.

Cet objectif a exigé une importante maîtrise des coûts, ainsi qu’une volonté d’aménagement du territoire et d’unité du pays qui occupent une place centrale dans le projet.

Cette rencontre d’une immense richesse s’est conclue par une visite de la future gare LGV Rabat-Agdal.

 

 

Visite de la future gare LGV Rabat-Agdal

 

Cette gare sera la plus grande d’Afrique : elle s’étend sur 16 000 m² et 3 niveaux… Elle est impressionnante par sa taille, son architecture et sa position centrale dans la ville. C’est une réussite, mais nous quittons le chantier, perplexes quant à son état d’achèvement à quelques semaines de l’inauguration.

 

Vite, nous rendons nos casques de chantier car nous sommes attendus par Monsieur l’ambassadeur de France pour une présentation générale des relations diplomatiques et économiques entre la France et le Maroc. Bien entendu, le sujet central de nos discussions reste la mobilité et après avoir longuement évoqué la LGV nous abordons les sujets prévus au programme du lendemain.

 

Nous traversons Rabat de nuit. Il y règne la même atmosphère agréable que durant la journée. Nous percevons une ville paisible, aérée, non encore asphyxiée par l’engorgement du trafic des villes françaises.

 

 

 

 

La politique de mobilité du gouvernement marocain

 

Le lendemain, nos travaux commencent dès 8h30 par des entretiens absolument passionnants avec le ministre délégué à la Mobilité Urbaine et le secrétaire d’état chargé des transports. C’est à l’occasion de ces échanges que la mobilité au Maroc prend tout son sens : même si nos modes transport en commun sont les mêmes (bus, tramway, train, etc.), la mobilité des Marocains est très différente de celle des français.

Au Maroc, 60% des déplacements se font à pied alors qu’en France, la part modale de la voiture individuelle est de 80% et la marche atteint péniblement 34%, dans les 3 villes où l’on marche le plus – Paris, Marseille et Le Havre –.

Dans l’hexagone, la difficulté est d’encourager nos concitoyens à se détourner de l’autosolisme au profit, en autres, des transports en commun. Au Maroc, le taux d’équipement des familles en véhicules individuels est faible, on monte donc dans un tramway pour réduire le temps de marche à pied, pour plus de confort, de sécurité et de rapidité.

Mais, au-delà des habitudes de mobilité des urbains, ce que je souhaitais aborder avec les représentants du gouvernement, ce sont les transports publics en milieu rural.

La présentation est simple, les villages sont traversés par des taxis collectifs – qui sont des taxis privés mais sous licence avec l’État pour leurs activités de transports publics – chargés d’acheminer les passagers vers les réseaux de transport public. Ce système, qui fonctionne bien au Maroc, fait défaut dans nos villages français.

Lorsque la discussion revient sur le sujet ferroviaire, les enseignements de la veille prennent tout leur sens. Du fait de sa position centrale, la France sert de voie de transit pour un grand nombre de voyageurs et de marchandises en Europe. Le Maroc est, quant à lui, la « porte d’entrée » naturelle de l’Europe vers le continent africain.

13 km séparent Tanger de la côte espagnole : LE projet structurant du siècle qui s’ouvre est un tunnel entre le Maroc et l’Espagne pour relier l’Europe et l’Afrique.

Si cette ouverture du Maroc vers l’Europe semble en marche, l’ouverture du Maroc vers le reste du continent africain semble moins évidente. En effet, les relations avec les pays limitrophes ne permettront peut-être pas au gouvernement marocain de développer les liaisons avec le reste du continent aussi rapidement qu’il le souhaiterait.

En tout état de cause, les perspectives nous laissent rêveurs tant en termes de potentiel de nouveaux échanges qu’en termes de nouvelles infrastructures.

J’aurais aimé passer plus de temps avec le ministre délégué à la Mobilité Urbaine et le secrétaire d’état chargé des transports, tant nos échanges ont été passionnants, mais la matinée se termine et nous nous dirigeons vers les installations du tramway de Rabat Salé.

 

 

 

Visite des installations du tramway de Rabat Salé

 

Le secteur des transports urbains est un secteur sous investi car les villes marocaines ne disposent que d’une faible capacité d’investissement.

Pour pallier cette insuffisance, l’État marocain contribue pour deux-tiers au financement des lignes de tramway du pays, le dernier tiers étant financé par les collectivités locales.

Les deux lignes qui traversent Rabat ont été mises en service en 2011. Le dépôt comme les rames sont de grande qualité et en parfait état, signe du grand respect et de l’affection des marocains pour ce mode de transport.

Deux nouvelles lignes sont en projet ; elles contribueront, elles aussi, à restructurer l’espace public.

Dès la fin de la visite du dépôt – qui ressemble à s’y méprendre à ceux installés dans notre pays – nous reprenons la route ; direction l’aéroport pour moi.

Dans l’avion qui me ramène en France, je fais la liste de ce que je retiens de ces entretiens et de ces rencontres : la formidable coopération entre la France et le Maroc, les similitudes techniques des transports en commun, les différences majeures des problématiques entre nos deux pays, l’ère de grands projets qui s’ouvre pour le Maroc alors que la France peine à concrétiser les siens.

J’envie le dynamisme du Maroc et je suis séduite tant par le sérieux et la qualité de ses projets que par leur réalisation.

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