Le Premier ministre et le ministre des solidarités et de la santé ont lancé ce lundi 25 mai le Ségur de la Santé.
Le Ségur de la Santé répond à l’engagement du Président de la République pris le 25 mars lors de son discours de Mulhouse, dans lequel il souhaitait qu’« à l’issue de la crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières soit construit ».
Le Premier ministre a assuré que nous répondrons à la crise par « des choix forts, rapides et assumés ». Le Ségur de la Santé, qui réunit les acteurs de la santé et du grand âge, doit permettre une réaction forte pour dénouer les blocages du système et « construire ensemble l’avenir de l’hôpital et plus largement une nouvelle organisation des soins ».
Le diagnostic avait été posé : un personnel en quête de sens, un système bloqué et appauvri ; et le cap fixé était le bon : le Gouvernement a bâti le plan « Ma Santé 2022 » puis, en novembre 2019, le plan d’urgence pour l’hôpital.
Nous avons ainsi mis fin à la baisse des budgets de la santé, cassé les logiques de silos pour encourager les coopérations entre médecine de ville et l’hôpital, le secteur médico-social ; nous avions commencé à privilégier la qualité des soins. Le Gouvernement sera à l’écoute pour compléter ces grands axes s‘ils s’avèrent lacunaires.
La crise exige que nous changions de rythme. Il nous faut aller vite : la concertation qui commence doit déboucher sur des décisions en juillet. Le rythme du changement et les moyens nouveaux pour l’hôpital doivent changer le quotidien des personnels soignants dans les tout prochains mois.
La crise nous a permis d’apprendre. En effet, le système de santé a tenu grâce à la mobilisation des personnels soignants, à la levée des freins bureaucratiques, à une organisation territoriale qui s’est affirmée dans l’urgence. L’enjeu est notamment de sortir du mode de gestion de crise tout en conservant les simplifications réalisées.
Les cinq enjeux clefs
Le Premier ministre a proposé 5 enjeux clefs pour structurer le Ségur de la Santé :
1) Montrer notre reconnaissance aux soignants et garder intactes leur motivation et leur vocation : elle se traduira notamment par une revalorisation significative des rémunérations, comme le sera l’augmentation de l’Ondam dans les années à venir. Sur les déroulés de carrière, nous devons aller plus loin dans les formations et la montée en compétence. La question du temps de travail n’est pas un tabou : le maître-mot doit être celui du pragmatisme. La question des statuts du médecin à l’hôpital devra aussi être débloquée ; nous devons prendre en compte la variété des parcours, l’engagement des activités non cliniques.
2) L’investissement et les modalités de financement de l’hôpital. Nous avions déjà annoncé la reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux publics, soit environ 10 milliards, ainsi que le lancement d’un plan d’aide à l’investissement de proximité de 150 millions d’euros par an. Il faut aller plus loin et nous lancerons un vaste plan d’aide à l’investissement qui viendra compléter cette reprise massive de dette. Une partie de ce programme doit être dédié aux investissements au niveau des territoires pour accélérer les coopérations entre la ville, l’hôpital, le médico-social et entre le public et le privé. S’agissant des modalités de financement, nous devons faire en sorte que la tarification à l’activité (T2A) ne soit plus l’unique boussole du financement des activités hospitalières : nous devons atteindre notre objectif d’augmentation de la part de la qualité (atteindre 2Mds€ en 2022, pour ainsi réduire la part de la T2A sous les 50%) et trouver un système plus respectueux de la qualité des soins et de la qualité du travail des soignants.
3) Lever les freins à la réforme du système de santé et retrouver de l’agilité. La crise a permis la matérialisation d’un choc de simplification, il nous faut le conserver dans tous les domaines : le fonctionnement interne des hôpitaux, les liens avec les ARS et les ressources humaines. Il nous faut notamment trouver un mode de management qui responsabilise chacun, avec de vraies possibilités d’agir.
4) Bâtir une nouvelle organisation territoriale du système de santé intégrant l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social. Nous pourrions nous appuyer notamment sur des dynamiques à l’oeuvre, avec la mise en place des assistants médicaux et le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (pour couvrir le territoire national d’ici un an) ; en outre, les retours d’expérience de la crise nous permettront aussi d’identifier les meilleures pratiques et d’en tirer les conséquences.
5) La modernisation avec le numérique, avec notamment la télémédecine, la mise en place de l’espace numérique de santé, et l’exploitation des données.