Edito : examen du projet de loi climat et résilience

Cet après-midi débute à l’Assemblée nationale, l’étude du projet de loi portant sur le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets.

Porte-parole de ce texte pour le groupe Modem, j’aurais dû aujourd’hui en assurer la Discussion générale.

Cas contact depuis quelques jours, mais sans aucun symptôme du COVID, je suis à l’isolement. 

C’est donc avec un immense regret que je ne monterai pas à la tribune de l’hémicycle.

Je suivrai les débats en direct depuis un écran et en lien permanent avec mes collègues qui défendront nos amendements et nos positions. 

Voici discours que j’aurais dû prononcer:

« Monsieur le Président, Madame la ministre, Mesdames et Messieurs les rapporteurs, chers collègues, 

Après plus de 100 heures de débat et 3850 amendements discutés en commission, nous voilà aujourd’hui en séance avec plus de 7200 amendements déposés. C’est dire à quel point le développement durable passionne cet hémicycle et c’est très bien ainsi. 

Remontons rapidement à la genèse de ce texte. 

Fruit d’un long travail, il a permis à 150 citoyens, regroupés au sein de la Convention Citoyenne pour le climat, de formuler un ensemble de propositions qui sont aujourd’hui le cœur battant du projet de loi que nous étudions. Nous les remercions une nouvelle fois pour leur temps et énergie consacrés à la co-construction de ce projet de loi à travers un exercice inédit de démocratie participative et délibérative. 

Ce texte est un succès collectif dont nous pouvons être fiers. 

Au-delà de la forme, intéressons-nous surtout au fond : « comment réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale ». Chaque mot est important. 

L’urgence d’abord, car 2030 c’est demain.

Soyons aussi très soucieux du respect de cette « justice sociale » c’est pour notre groupe un enjeu central qui nous guidera tout au long des débats. 

Portrait vertical

Il nous faut faire de la transition écologique une chance pour tous. L’écologie ne doit pas être ressentie comme une source de dépenses supplémentaires, surtout pas par les ménages les plus modestes, mais au contraire, comme une source d’économies, de revenus et de nouveaux débouchés. 

Chacun de nous doit s’interroger sur son impact sur l’environnement et comment il pourrait le réduire. 

Sans cette volonté individuelle d’abord, et collective ensuite, nous pourrons empiler autant de textes et de bonnes résolutions que nous voulons, le combat sera vain. Mais éloignons tout de suite les oiseaux de mauvais augure, les « collapsologues » ou qui sais-je encore. 

D’un naturel optimiste, j’ai confiance en l’avenir et en notre capacité à surmonter les défis que nous avons à relever. 

Comment ? Avant tout par l’innovation, car c’est bien une écologie du progrès que nous défendons. En privilégiant les solutions aux incantations. En encourageant et soutenant les idées vertueuses qui fourmillent dans notre pays. En rapprochant les individus et en faisant confiance à nos territoires. 

Avec ce projet de loi, nous fournissons les outils qui permettront d’amplifier l’élan collectif vers un modèle durable.

Nous ne partons pas d’une feuille blanche. Nous avons déjà beaucoup fait depuis 2017. Je pense à la loi mettant fin à la production d’hydrocarbures, la loi Egalim, la loi économie circulaire, la loi ELAN, ou encore la loi mobilités. 

Ce projet de loi Climat et Résilience vient parfaire nos ambitions. 

Que ce soit sur notre façon de consommer en faisant du consommateur un véritable « comsom’acteur » en développant notamment l’affichage environnemental pour permettre à chacun de faire des choix libres et éclairés.

Que ce soit sur notre façon de produire et travailler, en favorisant notamment les filières courtes, le recyclage, le réemploi, la réparabilité ou encore la durabilité des produits dans nos marchés publics. En adaptant l’emploi à la transition écologique pour soutenir et développer les métiers d’avenir. En favorisant le déploiement des énergies renouvelables grâce à une planification et concertation au plus près des territoires. 

Que ce soit également sur notre façon de nous déplacer. En poursuivant nos efforts pour réduire l’usage de la voiture individuelle tout en rendant notre parc automobile plus vertueux. En favorisant encore d’avantage les transports collectifs, l’intermodalité et l’accompagnement financier des ménages les plus modestes pour qui cette transition ne doit pas être un coût supplémentaire. 

Que ce soit également pour se loger. Nous devons être plus ambitieux dans la lutte contre les passoires thermiques, véritable fléau pour notre planète mais également pour les ménages les plus modestes, premiers à souffrir de cette précarité énergétique. Je pense à cette femme dans un logement social de ma circonscription qui dépense 200 euros par mois pour se chauffer à 15 degrés. Intolérable. 

Il nous faut aussi mieux encadrer l’artificialisation de nos sols en y remettant de la rationalité. 

Je le dis ici, les entrepôts logistiques de commerces en ligne ne peuvent échapper à cet encadrement. Sans les interdire, nous devons mieux prendre en compte leurs impacts sur notre environnement, notre tissu commercial local ou encore les nuisances qu’ils engendrent.

Que ce soit également pour mieux se nourrir. La restauration collective, qu’elle soit privée ou publique, est un acteur incontournable du « mieux manger ». Nous devons poursuivre le développement du bio et du local avec des viandes de qualité pour nos enfants en milieu scolaire. 

Je terminerai sur le renforcement de la protection judiciaire de l’environnement afin de mettre fin à des pratiques qui détruisent notre bien commun qu’est l’environnement. En effet, des entreprises peu scrupuleuses s’affranchissent parfois de certaines règles et précautions car elles n’ont aucune crainte d’être inquiétées ou parce que les bénéfices qu’elles tirent de leurs méfaits sont supérieurs aux risques encourus. En la matière, ce texte présente de réelles avancées que nous soutenons par le biais de notre rapporteur. 

Je conclurai mon propos en nous souhaitant des débats passionnés mais apaisés, avec une seule et même volonté. Faire gagner l’environnement. Je vous remercie. »

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