Hier, lundi 13 avril 2020, nous avons auditionné, en visioconférence, M. Cédric O, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’économie et des finances et du Ministre de l’action et des comptes publics, chargé du numérique.
Cédric O a répondu à nos questions sur l’application baptisée « StopCovid », dispositif numérique ayant pour objectif de lutter contre la propagation de l’épidémie. L’application pose notamment la question du respect des libertés individuelles au regard des impératifs sanitaires, et doit ainsi être débattu au Parlement. Cédric O nous a donné de plus amples explications sur les objectifs de l’application et les moyens mis en œuvre pour les atteindre.
Comment fonctionne l’application ?
L’objectif de l’application est de casser les chaînes de transmission au moment du déconfinement et d’éviter ainsi que la pandémie reparte. Une fois que vous avez téléchargée l’application :
- Elle enregistre de façon anonyme le nom de code des personnes que vous croisez ;
- Si l’une d’elles est testée positive au Covid-19, elle le déclare dans l’application ;
- L’application vous envoie alors une notification, vous invitant à vous faire dépister.
Vous n’aurez pas la possibilité de savoir qui vous a contaminé, et nul n’aura accès à la liste des personnes contaminées.
Pas de géolocalisation des personnes
Le seul objectif de l’application est de prévenir la personne l’ayant téléchargée qu’elle a été en contact, dans les jours précédents, avec une personne testée positive au coronavirus. Le terme de tracking est impropre car « cet outil ne permettra pas la géolocalisation des personnes ».
En effet, « il s’agit juste d’établir, grâce à la technologie Bluetooth, un historique de proximité entre différentes personnes équipées de l’application, auquel nul n’a accès, pas même le propriétaire du téléphone ».
Ce principe est au centre d’un projet plus large, piloté par la France, l’Allemagne et la Suisse : le Pan-european privacy preserving proximity tracing (PEPP-PT). L’objectif est d’arriver à une application interopérable entre les différents pays européens et en accord avec les différentes législations.
Dans combien de temps l’application sera disponible ?
Cédric O a précisé que la création « nécessitera a minima plusieurs semaines» car le développement de l’application repose sur la technologie Bluetooth, qui n’a pas été conçue pour cela. Le Gouvernement a pris la décision de développer d’abord un prototype, afin d’anticiper et d’être prêts si les études épidémiologiques devaient démontrer son utilité. Si l’application s’avère fonctionnelle, le Parlement sera consulté préalablement à son déploiement.
Le choix qui sera fait concernant le déploiement de cette application dépend de la stratégie de dé-confinement qui sera adoptée, ainsi que de la capacité à effectuer des tests. Toutefois, si l’application s’avère utile, le Gouvernement fera en sorte de la rendre disponible.
Une application comme outil complémentaire
L’existence d’une fracture numérique fait que l’application ne sera qu’un élément dans un cocktail de solutions qui permettra un confinement allégé.
Elle viendra compléter le travail déjà mené aux stades 1 et 2 de l’épidémie, de retraçage de l’historique de proximité des personnes contaminées.
Aujourd’hui, les agents de « Santé publique France » prennent contact avec les personnes contaminées et font ce travail d’identification, mais de façon non anonyme.
Cette procédure pose beaucoup de problèmes car elle repose sur la mémoire des personnes interrogées ; de plus, elle soulève la question de la rapidité dans l’identification des personnes qui ont pu être rencontrées au cours des deux semaines précédentes.
L’application complétera donc le travail de ces agents, qui devra se poursuivre ; elle n’a pas vocation à le remplacer.